I. NOM ET PRENOM.
II. LES DESCRIPTIONS.
Oscar est un homme fort. Ses épaules sont amples, ses muscles sont bien dessinés malgré leur discrétion sous des vêtements amples, sa mâchoire plus carré qu’une brique et son regard vous clou au mur et vous fait parler. La première chose qui frappe, lorsque vous êtes face à Oscar c’est… Et bien s’il essaye de vous appréhender, ce sont ses poings disproportionnés. Mais si vous êtes un client ou un passant, c’est que cet homme a la tête d’un policier. Personne ne pourrait douter qu’il a fait ce travail pendant des années. Il est droit, la poitrine déployée, le menton haut, et son haleine sent le café et le tabac. On est loin du tendre, c’est certain. Même plutôt du côté effrayant du métier. Qui a besoin d’un barreau de chaise pour tabasser les criminels récalcitrants quand on a des bras bien plus efficace, hein ?
Mais Cain n’est pas qu’une armoire en bois brut, c’est aussi un homme attentif. Derrière ses lunettes, son regard semble guetter le moindre détail. C’est un homme réfléchit qui ne cesse de scruter son environnement. Mais réfléchit ne rime pas forcément avec impassible : Oscar est l’homme le plus expressif que l’on puisse rencontrer dans sa vie. La moindre émotion qui le traverse est visible dans sa posture et son visage. Il est littéralement incapable de cacher quoi que ce soit à qui que ce soit. De son nez grossier qui se tords lorsqu’il ressent du dégout, au frémissement de sa moustache lorsqu’il se moque, sans oublier la danse de ses sourcils en toute occasion. Pour ne rien arranger, la couleur rousse de sa pilosité ne cesse d’attirer l’attention. Il n’arrange pas vraiment la chose en portant des vêtements sobres et discrets, essayant de minimiser l’impact de ses cheveux mal soignés avec des chapeaux.
Ce gaillard d’un mètre quatre-vingt-dix et de probablement bien plus d’une centaine de kilos en impose par sa simple présence. Le genre de type qui fait frémir les méchants et rassure la ménagère moyenne. C’était un bon policier. Maintenant, c’est un excellent détective. Ou tout du moins, c’est ce que sa fille ne cesse de lui répéter.
III. L'HISTOIRE.
Fils ainé du premier couple créé par Dieu, Caïn est un homme jaloux de son frère Abel. Un jour qu’ils se réunissent pour offrir des offrandes à leur créateur, celui-ci exprime sa préférence pour les cadeaux offerts par Abel. Remarquant la rage et la colère emplissant le cœur de l’ainé, Dieu lui ordonna de maitriser le péché qui gonflait dans son cœur. L’homme n’écoutant que la violence, il invita son frère lors d’une promenade le soir venu et le tua.
Dieu, pas miséricordieux pour un sou, annonça à Caïn qu’il était désormais maudit et ne tirerait plus rien de la terre qui avait vu le premier meurtre de l’humanité. Le tueur annonça alors qu’il s’exilerait ailleurs et que, lors de son périple, il serait tué par le premier venu. Dieu apposa donc une marque sur Caïn en lui annonçant que s’il était tué, il serait vengé sept fois.
Par la suite, Caïn fonda une ville ainsi qu’une famille. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Fin ?
Oscar Reginald Cain est un homme qui a vu le jour à Londres. D’une mère femme de chambre et d’un père travaillant dans le bâtiment, on ne peut pas dire qu’il ait grandi dans un environnement riche et varié. Il ne fallut pas attendre son adolescence pour qu’il voit de quoi était capable l’Homme. Meurtre, vol, viol, arnaques… Les bas-fonds ne devraient jamais être vus par un garçon qui ne sait pas encore lire. Il vit de nombreuses fois sa famille se faire rouler dans la boue par les gangs, se faire arnaquer par des personnes peu scrupuleuses, trahir par des hommes comme par des femmes. Mais toujours ils gardèrent la foi en l’humain. Ils ne cessèrent jamais de tendre l’autre joue, de sourire, de rire. Se contentant de peu, se réjouissant de ce qu’ils avaient. Un cœur en or et du charbon dans les poches, voilà tout ce que la famille Cain avait de plus précieux. Mais à mesure que le petit diamant d’Oscar s’ouvrait au monde, son éclat ne cessait de s’amenuiser là ou s’accumulait la suie des péchés de l’Homme. Le dégout qu’il éprouvait pour les hautes castes ne cessa de grandir alors qu’il vieillissait, les jugeant responsables de toute la crasse dans laquelle ils laissaient vivre les pauvres. Les jugeant responsables au premier degré de créer un environnement favorable au développement de la misère humaine et de tout ce qu’il y a de plus vil dans leur cœur.
Et malgré ce dédain, il ne cessa de croire en l’Homme. De croire qu’il pouvait se sortir de cette situation, de cette mélasse ambiante dans laquelle ils pataugent sans jamais réellement essayer d’en sortir. L’armée lui effleura l’esprit, mais il lui sembla que son pays avait besoin de son aide à l’intérieur et non pas en partant en guerre. Alors il essaya de se rendre utile comme il le put : Il s’engagea dans un hospice. A l’époque, sa folle jeunesse, la médecine n’était qu’une blague. Les gens entraient avec la gorge qui grattait et repartaient les pieds devant. A dire vrai, personne n’entrait avec la gorge qui grattait. Personne n’entrait de son plein grès. Pendant cette période, il croisa la route d’un grand nombre de malade rappelés par Dieu, observant les sœurs et les médecins s’évertuer à sauver ceux dont le trépas n’était qu’une question de temps. Mais ce n’est pas ce qui le choqua le plus.
C’est à cette période qu’il fut saisit par le nombre de victime d’attaques, de suicides, de viols. Il fut excessivement dégouté par tout cela. Et avec tout ce qu’il avait pu apprendre au côté des médecins et des sœurs durant toutes ses années, à propos du règne animal comme de la politique, il lui parut soudain évident que l’Homme était le pire ennemi de l’Homme. Son plus grand prédateur.
Il ne tarda pas à quitter les lieux, avec les connaissances nécessaires pour lire et écrire mais aussi comprendre le monde. Ne perdant pas le nord, et surtout pas son besoin de se rendre utile et de ramener de l’argent à ses parents tout à la fois, il devint donc policier.
Policier n’est pas véritablement le travail prisé par les gens qui ne voient que l’argent comme seule motivation. Les policiers sont mal formés, mal payés et souvent tués sans sommations. Mais la soif de justice d’Oscar était bien plus grande que son désir de richesse, tout du moins pour le moment. Il espérait pouvoir gravir les échelons comme on le lui avait promis, ne pas rester un bleu très longtemps et être vite remarqué… Et c’est exactement ce qu’il se produisit.
C’est étrangement grâce à la lecture et à l’Art en général qu’Oscar devint rapidement un policier très prometteur. S’inspirant de livres policier et du travail de nombreux théoriciens pour faire son travail et utilisant la peinture pour expurger son esprit de toutes les atrocités qu’il était amené à voir dans son métier. Il devint un grand peintre, dont le travail était acclamé par les initiés. Mais Oscar resta humble, ne se répandant pas en vantardises et courbettes. Il avait du travail. Il devait assainir la ville coûte que coûte.
Mais, voyez-vous, le monde a ses règles et ses lois. Des lois bien plus immuables que tout Code d’Honneur dressés par des chefs d’état ou des reines. La physique, par exemple, a déjà maintes fois prouvé que tout ce qui monte doit redescendre.
C’était un soir habituel dans la vie d’Oscar et de ses collègues. Un gang discret, qui prenait de l’ampleur, semblait avoir décidé à évincer tous ses rivaux. Plusieurs meurtres de trafiquants notoires avaient été perpétrés dans la ville et Oscar avait été mis sur l’affaire presque immédiatement. Inspecteur depuis peu, il avait réussi à retrouver la trace de l’un des meurtriers et de par le fait, de ce gang si discret qui semblait prêt à étendre ses ramifications sur Londres.
Le rouquin, toute moustaches dehors, entra dans un fracas tonitruant dans l’un des bâtiments surveillé par la police depuis quelques semaines. L’arme au poing, l’autre main levé, il hurla alors de sa voix grave et terriblement profonde :
« JASON GRAYSON, JE CHERCHE JASON GRAYSON ! » Insultes, clefs de bras, menottes furent ses seules réponses. Mais l’homme était dans le bâtiment, il le savait. C’est alors qu’il entendit détaler à l’arrière.
« Bouclez les. Penny, Bullock avec moi. » et de s’élancer dans les ruelles couvertes par le voile de la nuit tel des héros en pleine action. Tout cela aurait pu être brillant ! La presse était là, prête à faire de la publicité pour les méthodes de l’homme de la situation : La promotion qui en ressortirait annonçait une paye des plus conséquentes.
Ce fut peut-être l’idée de gagner plus qui lui donna des ailes, ou bien l’adrénaline de la course poursuite ? Dieu seul le sait. Mais aucun Dieu ne vint ce soir là. Le tout-puissant devait avoir le dos tourné lorsque Cain se jeta sur le fuyard de tout son poids pour le clouer au sol, ne voyant par le bord du trottoir. Aucun saint ne sembla vouloir tendre la main lorsque Cain réalisa soudain que la nuque du criminel allait rencontrer avec violence l’arrête des dalles de la rue. Il n’y avait que le Diable en personne pour jubiler du bruit assourdissant que fit la colonne vertébral de l’homme lorsqu’elle se fracassa contre le pavé. Puis le silence. Pour Cain, quelques secondes. Pour Grayson, à tout jamais.
L’affaire fut amplement médiatisée : La première bavure policière à connaitre autant de gros titres. Impossible pour la police de ne pas sévir. Oscar était fou de rage. Contre lui-même et contre la police, qui ne semblait pas comprendre qu’il était la clef pour qu’ils soient véritablement efficaces. Avec ses méthodes, ils allaient pouvoir résoudre bien plus d’affaires. Avec ses méthodes, ils allaient révolutionner la justice. Avec ses méthodes, il avait tué la clef qui les mènerait à une traque légendaire. Avec ses méthodes, il fut rétrogradé. Avec ses méthodes, il avait tué un homme ainsi que tous ses rêves d’avenir dans la police.
Quelques années plus tard, voyant que personne n’avait décidé de continuer le travail qu’il avait commencé, Cain décida de quitter son poste en claquant la porte. Quelques mois plus tard, avec ses économies et l’aide de son ancien collègue devenu associé, Cain loua un appartement duplex dans le centre de Londres –comme c’est pratique d’avoir des contacts- et ouvrit un cabinet de détective privé. Cain&Co. Avec le prénom de son associé et son nom de famille, difficile de ne pas céder à un nom pareil. Deux ans déjà et, il faut bien l’avouer, les affaires ne sont pas à leur paroxysme. Mais avec la délinquance et la criminalité en hausse, aucun d’eux ne doute réellement de leur réussite prochaine.
IV. DERRIÈRE L'ECRAN.