I. NOM ET PRENOM.
II. LES DESCRIPTIONS.
III. C’EST UNE HISTOIRE QU’ON CONNAIT TOUS ET POURTANT AVEC UN NOUVEAU NARRATEUR CELA SE RENOUVELLE
Nicéphore est un nom étrange, peut être plus que Cendrillon. Mais Cendrillon, Cendrillon n’est pas utilisé, n’est plus utilisé pour te désigner, car Cendrillon n’existe plus. Elle est morte de vieillesse.
Cendrillon.
Cendrillon c’est une jeune fille adorée par son père qui a vu sa vie devenir un enfer lorsqu’il s’est remarié. Un mariage avec une femme acariâtre et jalouse de ce fantôme tant aimé qui semblait vivre dans les traits de la jeune fille. Cette femme en était si jalouse, si vile qu’elle avait corrompu ses deux enfants, les infestant de ce même mal qui rend les gens si laids.
Cendrillon, c’est cette jeune fille qui passe son temps à nettoyer, à ranger, à réparer les vêtements, à faire la cuisine dans une maison qui est censé être la sienne, pour des gens qui la dénigre. Cendrillon c’est cette demoiselle là, pleine de cendre, pleine de poussière, qui essaye tant bien que mal de nettoyer la cheminé, les mains calleuse due au travail ménager, les vêtements crasseux.
Cendrillon, c'est cette demoiselle, là, toujours aussi naïve et innocente malgré ce qui l'entoure et ce qu'elle subit. C'est cette demoiselle qui refuse de croire que la nature humaine n'a pas de bonté en elle, c'est cette demoiselle tellement naïve que l'on en aurait pitié.
Cendrillon c’est cette enfant qui aide autant que faire ce peut les oiseaux, qui n’hésite pas à chanter et fredonner pour ne pas perdre espoir, c’est aussi cette demoiselle qui malgré les mauvaises paroles qui l’entourent, continue d’être douce et gentille.
Mais Cendrillon, c’est aussi une jeune fille fort chanceuse. Une chance qui est en partie dû à un prince, à son manque de prétendante satisfaisante, mais surtout, à une bonne étoile et une chaussure.
Une chance de cocu, une chance qui est presque irréelle... peut être est-ce de la magie? peut être est-ce parce que c'est un conte, et les contes ne peuvent finir mal, les contes sont censé avoir une morale, promouvoir la bonté humaine, la gentillesse, la bonne éducation.... Mais tout de même, c'est vraiment une chance de cocu.
Mais bon, c’est aussi un prince qui est incapable de trouver une femme, qui organise un bal dans l’espoir de tomber sur la perle rare. Et il la trouvera, sa perle, son étoile, la seule femme qu’il peut songer à épouser. Cette jeune femme avec ses petits souliers de vair, qui semble si délicate et si douce, cette jeune femme qui s’enfuit toujours avant minuit. C’est à elle qu’il songe lorsqu’il pense à se marier, c’est à elle qu’il pense lorsqu’il sent son cœur battre plus fort que d’habitude. Un prince qui souhaite trouver quoiqu’il en soit, la personne qui lui semble être destiné.
C’est une bonne étoile qui a fournis robes, chaussures et occasions pour le bal, une bonne étoile ou la mère veillant des cieux.
Petit arbre secoue toi bien fort, Couvre mon corps d’argent et d’or.
C’est une chaussure qui glissa du pied de la jeune femme lorsqu’elle voulut quitter le prince pour la troisième nuit consécutive. Une chaussure si fine et si mince qu’aucun autre pied ne pouvait y entrer. Un orteil fut coupé, un bout de talon enlevé, mais le soulier ne permis d’autre pied que celui de la jeune femme.
Roucou-oucou roucou-oucou
Dans la pantoufle coule le sang
Le soulier était trop petit
La fiancé est au logis.
Ce fut le sang qui tachait le soulier qui alerta le Prince par deux fois qu’il n’emportait pas la bonne demoiselle. Ce fut le soulier qui par deux fois refusa le pied d’une autre. Et ce fut les colombes et autres oiseaux qui veillaient avec attention à ce que soulier et Prince puissent changer la vie de la pauvre Cendrillon.
La vie de Cendrillon tourne autour d’une pantoufle, d’un soulier presque magique, fait uniquement pour son pied.
Maintenant. Maintenant, c'est différent, tout en restant pareille.
Ta vie aussi Nicéphore tourne autour de souliers. Quelle ironie, si seulement tu savais à quel point ta vie en dépend, dans cet univers comme dans un autre...
Tu es né dans une famille de chausseur et cordonnier. Une famille fière de son travail depuis des générations. Une famille surtout qui t’a bercé dans l’atelier, t’a vu grandir dans la boutique, apportant lorsqu’il le fallait telle ou telle chaussure à ton père, l’aidant dès que possible à lui passer les outils. Apprenant dès ton plus jeune âge à aimer les chaussures, les petits souliers, les bottines et pantoufles qui sortaient de cet atelier. Tu as eu une éducation mixte, et fort bien fourni, que cela soit sur le français, l’anglais, la littérature, l’histoire, les mathématiques, la mode, les chaussures, le savoir-faire paternel, l’amour des histoires maternelles.
Ta vie n’a jamais eu de mauvaises tournures, car tu as grandit avec des parents aimants, entourés d’amis, une éducation qui t’étais nécessaire, et surtout un avenir bien défini. Car oui, tu n’as jamais eu peur de ce que tu allais être lorsque tu serais un adulte. Tu as grandit parmi les chaussures et il te semblait évident que tu allais reprendre le métier de ton père, comme il l’avait fait avant toi et son père avant lui.
Une vie qui t'es tracé, sans soucie, sans problème, sans inquiétude. Tu as de la chance Nicéphore, tu as une chance dont tu n'es pas conscient. Franchement, c'est presque énervant de raconter ta vie. Elle est trop parfaite pour être intéressante.
Ce que tu n’avais jamais envisagé, c’était le mariage, l’avenir de la boutique, lorsque tes parents décideraient de se retirer, de te laisser l’enseigne au Luxury Square pour profiter d’un air un peu moins embaumé de cuir. Heureusement pour toi, ton amie d’enfance, ta meilleure amie y avait pensé pour toi. Heureusement que quelqu'un est là pour penser pour toi.
A tes 20 ans, le plan avait été tracé pour toi, tu n’avais qu’à dire oui devant l’autel, signer les papiers et respecter ton contrat. Juliette voulait deux enfants, refusait de se retrouver mariée à un homme qu’elle ne supporterait pas, et préférait vraiment avoir un avenir bien tracé pour elle et ses enfants. Tu ne lui as jamais refusé cela, de toute façon, tu n'as jamais su lui dire non.
Non pas que tu l’aimais, mais elle t’était précieuse, et l’idée d’avoir des enfants, d’avoir une femme qui ne serait pas vaniteuse ou exécrable te permis de faire ce choix.
Juliette Valencôte et Nicéphore Tyrrel.
Vous vous êtes marié l’été de tes vingt-deux ans, et même si vous n’étiez pas amoureux, vous étiez fort satisfait de votre vie, qui vous a donné deux enfants -adorable, les gamins, évidement, c'est ta vie, si tes gamins était des petits nigauds emmerdeurs, ça aurait été trop normale.- et qui t’as permis d’avoir à tes côté ta meilleure amie jusqu’à vos plus vieux jours. Un mariage arrangé si tu oses accrocher ce terme à ta vie. Bien sûr, maintenant que Guillaume et Alphonse sont nés, vous n’avez plus aucune raison de faire chambre en commun. Tu oses à peine y penser, tu oses à peine le formuler, alors heureusement que je suis là pour toi: oui, ça te soulage de ne plus avoir à faire chambre commune, cela te soulage vraiment de ne plus à avoir à coucher avec ta femme. Tu apprécies la présence d’une autre personne dans ton lit, mais toute cette histoire d’acte d’amour t’était presque détestable.
Si l'on devait faire un résumé de ta vie, faire un schéma de cette relation, voici ce qu'il serait: l’accord qui vous unie encore maintenant Juliette et toi est celui-ci : Vous êtes marié, par amitié plus que par amour, et vous aimez tendrement vos enfants, vous souhaitez les élever avec amour et bonheur. C'est d'une niaiserie sans bornes.
Lorsque tu y songes vraiment, pour toute personne extérieure, vous être le couple parfait, les parents aimant que vous souhaitiez être, la petite famille rêvé par tant d’autre. Mais cela ne vous empêches pas de faire chambres à part, et lorsque Juliette amène des amants, tu sais qu’il ne faut pas les déranger. De toute façon, l’amant est souvent disparu sans être vu, ni de toi ni des enfants. Un homme autre que toi serait offusqué d’être fait cocu ainsi, mais tu lui as donné ton accord, et elle sait que si tu le souhaites tu peux faire de même. Mais l’amour et le sexe ne semble pas t’intéresser, ni avant ton mariage, ni pendant.
Cela ne veut pas dire que tu es malheureux, bien au contraire! Tu as une femme avec laquelle tu t’amuses et t’entends bien, tu as deux enfants l’un de huit ans, l’autre de quatre qui gonflent ton cœur d’amour, de fierté et de joie. Et ton travail est ta passion.
En tout et pour tout, lorsque tu regardes ta vie, lorsque tu vois à quel point ces enfants te sont précieux, à quel point l’idée de ta femme était brillante et fructueuse, tu ne peux pas regretter. Tu souhaiterais pouvoir répandre ce bonheur autour de toi, et lorsque tu fais des chaussures, tu espères que les souliers apporteront autant de réconfort que tes enfants le font pour toi.
Tu as donc une philosophie de vie tout aussi niaise que ta précédente vie, tu n'as pas beaucoup changé, de cette demoiselle qui récure sans rechigner les chaudrons crasseux dans l'espoir de faire plaisir à sa belle mère, à ce cordonnier tout aussi niais qui espère répandre le bonheur et les petits oiseaux avec des paires de chaussures. Tu aimerais juste parfois savoir de quelle branche de la famille te vient cette allergie pour tout ce qui est courge et potiron, mais ça, c'est parce qu'il faut bien que l'on puisse rire pendant que tu essayes de rendre le monde meilleurs avec une pair de pantoufle.
IIV. DERRIÈRE L'ECRAN.