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Suite à l'épidémie de tuberculose et à l’abus de sorcelleries au cours de cette triste période, les Pénitents, une milice sans pitié qui se veut la main armée de Dieu, parcourent toujours les rues. La Reine a-t-elle perdu la tête ou le contrôle ?

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Bien caché dans la nuit, c'est Elena
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 :: A Fascinating story :: Fiches de personnages :: Fiches abandonnées
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MessageSujet: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyLun 27 Juil - 13:11


I. ELENA M. VOIGTGEIST.


• NOM : Volgtgeist
• PRÉNOM : Elena M.
• NATIONALITÉ : Autrichienne
• ÂGE : 26 ans
• SEXE : Femme
• ORIENTATION SEXUELLE : Vous pouvez toujours essayer, à vos risques et périls...
• MÉTIER : Temporairement sans emploi
• SITUATION FINANCIÈRE : Gère son argent du mieux qu'elle le peut
• OCCUPATIONS/PASSIONS : Violon/Jeux d'argent/Déguisement
• GROUPE : Civils
• HISTOIRE D'ORIGINE : (s'il y a)


II. LES DESCRIPTIONS.


CARACTÈRE

Impitoyable • Lunatique • Obsessionnelle  • Cynique • Imaginative • Désabusée



J’étais dans un fauteuil de très noble facture. Mes deux mains reposaient, négligemment, sur mes genoux croisés.
L’homme en face de moi parlait. Il ne pouvait visiblement pas s’arrêter de parler.
Qu’il parle.

C’était sa dernière conversation après tout.

Cela faisait deux mois que j’avais commencé mes recherches sur cet homme. Pour connaitre ses centres d’intérêt. Tous ennuyeux. Ses habitudes. Toutes détestables. Je l’avais pris en filature, pendant plusieurs semaines. Pour voir où il passait ses journées. Pour voir que son passe-temps favori était de tromper sa femme. C’est ce qui m’a rendu service.

J’ai ressenti, dès le début, comme à chaque fois, un besoin viscéral de tout apprendre de ma cible. Pour pouvoir lui voler sa vie.

Lorsque l’on parle d’assassinat, la précipitation n’entre pas en ligne de compte. Jamais. Je prends mon temps, jusqu’à obtenir un résultat que j’estime parfait. Oui, on pourrait qualifier cela de maniaquerie, mais je préfère dire que je possède un amour profond pour la beauté. Et oui, il y a une certaine beauté dans la mort.

Il avait posé une chandelle au milieu de la table basse qui nous séparait.
La flamme me fascinait. Elle semblait danser. Une valse. Je me perdis en l’observant. J’adorais le feu. Cette fascination morbide venait sans doute du jour où le manoir familial (que je ne considérais déjà plus comme mon foyer) s’était mis à brûler. J’étais restée pendant quelques minutes. A observer les flammes lécher la façade. A l’observer brûler et noircir tout ce qu’il touchait. Avant que mon frère ne me prenne par le bras, pour m’emmener en sécurité. Loin de ce lieu qui m’avait volé une partie de mon enfance.

Chaque soir, je craquais une allumette avant d’aller dormir. Et je la regardais se consumer. Doucement. Lentement. Comme hypnotisée. Jusqu’à ce que la chaleur me fasse suffisamment mal pour que je l’éteigne.
Oui… Chaque soir. Chacun son vice. Chacun ses habitudes.
Soudainement, je me rendis compte que le silence m’enveloppait. Le Baron me regardait fixement. Il s’attendait visiblement à une réaction de ma part. Je lui offris un large sourire, faisant pétiller mes yeux, faisant presque croire que ce qu’il racontait me fascinait plus que tout au monde.
Il parut comme rassuré et repartit dans son monologue avec une vigueur nouvelle. J’avais expérimenté l’ennui, dans toutes ses formes, mais ce que je subissais maintenant tenait presque du châtiment corporel.

Sa mort serait définitivement un service que je rendrais à sa femme. A ses enfants. Voire même à la totalité de la noblesse autrichienne.

Mon regard captura le sien et je le vis déglutir avant de me sourire. Gott. Quel sourire niais.

« Voulez-vous un verre, mademoiselle ? »
Je me levais avec empressement, pour combler la distance qui nous séparait et poser ma main sur son épaule. Il tressaillit à mon contact. Typique.
« Ne vous inquiétez pas, je m’en occupe. Vous avez déjà tellement fait pour moi… Un schnaps, je présume ? »
Je me déplaçais vers le plateau sur lequel trônait plusieurs bouteilles et quelques verres en cristal.

C’est vrai qu’il a tellement fait pour moi. Me faire perdre trois heures de ma vie a été, de loin, son cadeau le plus apprécié.

Je lui tournai le dos pour verser, dans deux récipients, l’alcool demandé. D’une main habile, je retirai ma bague de mon pouce, et dévissai sa partie supérieure, laissant apparaitre quelques grains d’une poudre grise. Qui tombèrent par hasard dans le verre que je réservais au Baron. Quel malheur.
Quel tragique accident.
Je retournai m’asseoir d’un pas léger. Il ne semblait pas vouloir boire tout de suite. Il préférait continuer de déblatérer, je ne sais quelle histoire à propos de son cheval favori.

Gott. Qu’on en finisse.

Pourquoi n’avais-je pas remarqué cela auparavant ? Il avait un fâcheux tic. Il ne cessait de ramener ses cheveux vers l’arrière, alors qu’ils étaient toujours impeccablement coiffés. Pourquoi ?
Il le faisait à chaque début de phrase. Insupportable.
Et, pourquoi ne buvait-il pas ?

J’eus une soudaine envie de jouer du violon. J’avais l’impression que cela faisait une éternité que je n’en avais pas senti les cordes sous mes doigts. C’était, pour moi, l’instrument le plus mélodieux existant. Et, il me manquait. Dès que tout cela serait fini, je jouerais un morceau. Je ne savais pas encore lequel, mais ce désir me tenaillait au plus profond de mon être.

Gott. Pourquoi ne pouvais-je pas rester concentrée sur quelque chose plus de quelques minutes ?

Je fermais les yeux, pour me recentrer, avant de les rouvrir, pour fixer mon interlocuteur une nouvelle fois.
J’humectais mes lèvres lentement, en mordant doucement l’intérieur de ma bouche. Il fallait qu’il arrête de toucher ses cheveux tout le temps. Cela m’agaçait. Prodigieusement.
Je pourrais lui couper la main. Cela serait définitif, certes. Mais comme ça, il arrêterait. Il se mettrait à hurler, mais il arrêterait.
Non. Je ne pouvais pas. La Couronne m’avait demandé un meurtre net. Sans laisser de traces. Sans bavure. Et je ne pouvais certainement pas me permettre de lui désobéir.

Et finalement, la libération tant attendue arriva. Il prit son verre, et en but la moitié. D’un trait. Je n’en attendais pas tant de sa part.

Je le dévisageais à présent, sans aucune retenue. Mon moment favori. L’homme en face de moi, savait. Il savait, au plus profond de lui, que quelque chose ne tournait pas rond. Il ne savait pas quoi. Ni comment. Ni pourquoi. Mais il était en train de comprendre que j’avais son destin entre mes mains. Et que je l’avais depuis le début.

Il porta sa main à son nez. Il saignait, abondamment. Il voulut se lever, se saisir de quelque chose, appeler à l’aide, ou même juste dire quelque chose, mais ses membres ne lui répondaient plus.
Un râle sortit de ses lèvres tandis que je m’approchais de lui

« Magdalena… »

Et sa dernière action en ce bas monde fut de me cracher du sang au visage. Puis, il ne bougea plus. Il s’effondra, inerte, sur l’accoudoir de son fauteuil.

Ennuyeux. Jusqu’au bout. Ne pouvait-il juste pas mourir silencieusement ? Dignement ? Sans se sentir obligé de me cracher au visage ? Répugnant.
Tout simplement répugnant, dans la vie comme dans la mort. Surtout dans la mort, avec ses yeux révulsés et sa bouche grande ouverte, achevant de lui donner un air stupide.

Il y avait une certaine beauté dans la mort, oui. Mais pas à chaque fois…
Je poussais un soupir désabusé avant de me relever lentement.

Enfin… C’était fait. Mon dernier meurtre pour l’Autriche. Pour mon pays natal que j’abhorrais. De tout mon être.

Il était temps que j’aille retrouver mon frère à présent. Cela faisait une éternité.



PHYSIQUE



Je me relevais doucement, en m’appuyant sur mes genoux, sans aucune grâce. Je n’avais plus besoin d’être gracieuse, à présent. Le grand miroir qui trônait au-dessus de la cheminée attira mon regard. Je me rapprochai.

J’essuyai du dos de ma main les gouttes de sang qui étaient encore sur mon visage. Un visage fin. Un visage presque doux, en opposition totale avec mon regard dur. Qui ne s’était pas adouci depuis très longtemps. Ces yeux bleus. Froids. Qui étaient les miens.

Ces yeux qui me convenaient. Car ils étaient impénétrables. Et je détestais que l’on puisse lire en moi. Peut-être que mon frère en était encore capable ? J’espérais que non.

Je plissais mes lèvres pour qu’elles ne forment qu’une fine ligne. Ces lèvres bien dessinées que je mordillais la plupart du temps. Un tic.

En m’en rendant compte, je fronçais les sourcils. A force de faire cela, j’avais fini par acquérir une minuscule ride au-dessus de la naissance de mon nez. Cela aussi, c’était un tic.

Mes cheveux bruns étaient relevés en un chignon sophistiqué, mais je faisais en sorte qu’une mèche rebelle retombe sur mon visage. Une mèche aux reflets roux. Je la coinçais avec le reste lorsque je me devais d’effectuer des tâches méticuleuses, mais le reste du temps, elle flottait avec la brise. Cela me rajoutait un côté innocent. Doux. Fragile.

Elena ? Quelle enfant frêle. Délicate. Sensible et effacée.

Voilà ce que tout le monde a toujours dit de moi. Du haut de mon mètre soixante-dix, certains pensent encore que je peux m’envoler les jours de grand vent. Mais cela me plait. D’avoir l’air si inoffensive alors que je suis aussi dangereuse. D’avoir l’air aussi sans défense lorsque je connais plusieurs dizaines de manière de tuer.

Je portais une longue robe rouge ce soir-là. Qui me drapait d’une aura de noblesse. Mais c’était trop voyant. Je n’aimais pas cela. J’optais, généralement, pour des habits très sobres. Qui me permettaient de me fondre dans le décor. Une robe aux couleurs sombres, et un châle qui lui était assorti, permettant de cacher, dans sa quasi-totalité, cet immense tatouage qui s’étalait sur tout mon dos, de mes hanches à ma nuque. Cet héritage, tribal, qui montrait mon appartenance à une famille pour laquelle je n’existais plus. Cet héritage que l’on m’avait apposé de force, lorsque mon âge l’imposait.
Je portais généralement, au-dessus de tout cela, un large manteau de fourrure, pour survivre aux hivers rigoureux que nous, Autrichiens, subissions chaque année.
Néanmoins, je pouvais revêtir n’importe quel déguisement, et faire croire que je le portais depuis ma plus tendre enfance. Je pouvais me fondre dans n’importe quel physique. Et dans n’importe quelle personnalité. Ce qui me rendait encore plus difficile à cerner. Ce qui me permettait de devenir n’importe qui.

Mon cou, quant à lui, était recouvert par un grand collier, simple et très peu ouvragé, qui achevait de dissimuler les traces d’encre sur ma peau.

Mon regard descendit, naturellement, vers mon bras droit. J’enlevai, sur un coup de tête, le large bracelet en argent, gravé, qui enveloppait la totalité de mon poignet. C’était ce que j’avais trouvé pour dissimuler cette fine ligne rouge. Cicatrice que j’avais depuis ma plus tendre enfance. Faite par un archet de violon, avec une violence qui me faisait encore grincer des dents.

Et sur ma main, brillait une bague, en argent elle aussi. Je ne m’en séparais jamais. Le seul vestige de ma lointaine appartenance à une certaine communauté autrichienne. Une communauté sorcière. Elle était gravée aux armoiries des Voigtgeist. Deux épées croisées, entourées d’un halo de flammes.
Cette famille que j’avais reniée. Cette famille qui m’avait oubliée. Cette famille que j’avais quittée, quelques années après mon frère.

Je me demande à quoi ressemble Niklaus maintenant.
Je me demande s’il pourra me reconnaitre.

L’avenir nous le dira.


III. L'HISTOIRE.



1859
Je suis née, lors d’une nuit sombre d’hiver. Je suis née dans un foyer plongé dans le deuil. Mon frère venait de mourir. A la guerre. Je ne le connaissais que par les histoires que pouvaient me raconter ma mère, ou par le portrait de famille qui trônait dans notre salon. Ou, du moins, qui a trôné dans le salon, jusqu’à ce que Père le retire, parce qu’il estimait que mon frère ne méritait pas que l’on se souvienne de lui. Parce qu’il était faible. Parce qu’il avait failli à son devoir.
Je m’éclipsais, parfois, dans le grenier où ce tableau a été entreposé pour prendre la poussière. Je m’y rendais, comme un pèlerinage. Je ne devais pas l’oublier. Même si je ne l’avais jamais connu.
Personne ne doit oublier les morts.

1866
« Fais ceci »
« Fais cela »
« Tiens-toi correctement »
« Ne parle que lorsqu’on t’en a donné l’ordre »
On m’apprenait, plus de gré ou de force, à rentrer dans le moule. Faire partie de la noblesse autrichienne. Dès mon plus jeune âge. Me forcer à être quelqu’un que je ne suis pas. Mais que peut-on répondre, à 7 ans ? Face à un père violent, intimidant, et ne tolérant pas la notion même d’échec. On ne peut rien répondre. On ne peut que se taire et faire ce que l’on nous dit de faire. Sans réfléchir.
A 7 ans, donc, on me mit un archet dans les mains. Et on s’attendit à ce que je sache jouer du violon, parfaitement, comme ma mère. Ce ne fut pas le cas. Mes mains furent, de très nombreuses fois, meurtries par mon précepteur, lorsque je n’apprenais pas assez bien. Ou pas assez vite. Je possède, encore aujourd’hui, la cicatrice du jour où il m’a frappé avec son archet, parce que j’avais fait une fausse note. Une seule.

Un jour, je me vengerai de lui.

Mon second frère est mort. Lui aussi. Comme si une malédiction s’abattait sur notre famille. Lorsque la nouvelle nous parvint, Père fut pris d’une rage noire. Pas de tristesse. Pas de deuil. Juste de la rage. Et je voyais Niklaus, le seul qui arrivait, malgré son côté taciturne, à rendre cette maison plus vivante, surtout lorsqu’il était avec moi. Je voyais Niklaus se fondre parmi les ombres. Alors qu’il aurait pu prendre parti. Restaurer l’honneur de notre frère. Mais il ne disait rien. Alors, je relevai la tête, et demandai à Père si l’on pouvait faire une cérémonie en son honneur. Quelque chose pour lui rendre hommage. La gifle que je reçus en réponse m’envoya valdinguer sur le sol.
Ce jour-là, j’ai compris qu’il fallait que je me taise. Définitivement.

1868
Je jouais du violon à la perfection. Mon percepteur était satisfait de moi. Il commençait à me regarder d’un autre œil. Un œil dans lequel luisait l’envie. Ce regard me terrifiait, et je le voyais parfois, dans mes cauchemars.
Je me surpris à vouloir être quelqu’un d’autre. Je ne pouvais pas sortir du domaine familial sans que des chuchotements ne me suivent, suivis de regards remplis de haine. Je ne voulais pas d’une haine que j’étais trop jeune pour comprendre. Je n’avais rien fait, à tous ces gens, qui me maudissaient juste à cause de mon nom. Parce que j’étais autrichienne. Parce que j’étais noble. Parce que j’étais issue d’une très ancienne famille de sorciers. Mais tout cela, je ne le savais pas encore. Le regard des autres pesait juste très lourdement sur mes épaules.
Je voulais devenir quelqu’un d’autre. Je volai donc la robe qu’une de nos servantes destinait à sa fille. Je ne regrettai ce geste que partiellement. Mes intérêts étaient plus importants que les siens. C’est ce que ma famille m’avait appris. Lorsque j’enfilais cette robe, et je détachais mes cheveux (toujours fermement attachés en une natte sophistiquée), je n’étais plus Elena. J’étais Magdalena. J’étais pauvre. Sans éducation. Avec un sourire éclatant. Paraissant beaucoup plus naïve que je ne l’étais réellement. Et sous les traits de Magdalena, je m’enfuyais du domaine chaque semaine, au nez et à la barbe de ma famille entière, pour jouer avec les enfants du village voisin. Qui ne me jugeaient plus. Parce qu’ils ne me reconnaissaient plus. Ils riaient en ma présence, et jouaient, malgré l’ambiance métallique, sanglante et violente, qui nous enveloppait.
Comment aurions-nous pu la voir ? Nous étions des enfants.
Je me rendis compte que mon caractère était malléable. Que je pouvais le façonner comme je le désirais. Mon regard aussi. Mon sourire également. Je passais des heures devant le miroir, pour m’entrainer à adopter telle ou telle mimique. Pour être plus crédible. Ma servante prenait cela pour de la coquetterie et je ne démentais pas. Que l’on me prenne pour un ange. Une enfant naïve. Ou une sotte. Ce serait mon ultime protection face à ce secret, que déjà, je voulais protéger de tout mon corps.

1870
Cela faisait plusieurs nuits que Niklaus quittait la maison, un capuchon noir sur la tête. Le dissimulant aux yeux du monde. Je le reconnaissais à sa stature.
Et, un jour, je me décidai à le poursuivre. Mais sous les traits de Magdalena. Je me faufilai derrière lui, silencieusement.  Je le suivis jusque dans une taverne, dans laquelle je rejoignis l’un de mes amis, sous les escaliers. Nous écoutâmes silencieusement, des conversations d’adulte. Qui parlaient de politique. De conflits. Et qui disaient des choses abjectes sur cette famille, ma famille, qui ne me faisaient même plus frémir. J’avais compris, à présent. Mon nom était un fardeau. Je sentais mon appartenance à cette famille décroitre. J’aimais être Magdalena, et me plaisais à croire parfois, qu’Elena était ma fausse identité. Je finissais par m’y perdre.
Lorsque mon frère se leva, pour quitter la pièce silencieusement, sans avoir prononcé un mot, il passa devant moi, et je sentis son regard me traverser. Il ne s’arrêta pas. Il ne m’avait pas reconnue. Mon propre frère ne m’avait pas reconnue.

Je devenais douée.  

Ma mère mourut cette année-là. Une maladie l’emporta. Je l’aimais bien, malgré la pauvreté de nos rapports. C’était la seule qui me complimentait. La seule qui semblait m’aimer, dans cette famille insensible. Lorsque nous nous retrouvâmes tous autour de son lit de mort, je semblais être la seule douée de sentiments. Mon père était là par obligation, et mes frères semblaient ne rien ressentir. Une seule larme coula sur ma joue, en hommage pour ma mère, mais je me promis de ne plus pleurer. Plus devant cette famille au cœur de pierre. Plus devant personne.
Ce soir-là, j’étais tellement bouleversée, que je m’endormis sur mon lit avec les habits de Magdalena. Mon précepteur me surprit et me promit de ne rien dire en échange de mon corps. Je voulais protéger mon secret. Je ne comprenais pas.
Ce soir-là, il réduisit mon honneur à néant, me laissant tremblante et à moitié évanouie sur le plancher.

Un jour, je me vengerai de lui.

1872
Père a disparu.
Le manoir familial a brûlé.
Il ne fait pas bon d’être noble. Et sorcier. En Autriche, ces jours-ci. Je n’ai jamais revu Père. Je n’ai jamais osé demander. Mais je suis persuadée qu’il est mort à présent. Et que l’un de mes frères l’a tué. Niklaus ? Carsten ? Et pourquoi, je n’éprouve que de la libération, pas même un semblant de tristesse ?

1876
Niklaus a fui. Me laissant avec Carsten. Mon autre frère. Mon dernier frère.
Je voulais partir avec toi. Je ne voulais pas rester avec lui. Pourquoi m’as-tu abandonnée ?
Carsten, qui a renoué avec des branches de notre famille dont j’ignorais l’existence. Je devais, à nouveau, être la jeune fille que tout le monde voulait voir. Peu importait ce que je ressentais. Peu importait qui j’avais envie d’être. Mais j’avais trouvé une alternative à tout cela. Je n’étais plus seulement Elena. J’étais aussi Maria. Katharina. Je pouvais être qui je voulais. Je me perfectionnais dans l’art du travestissement. Parce qu’être moi-même ne me suffisait plus. Plus maintenant.
Un tatouage fleurissait maintenant sur mon dos, se prolongeant sur la naissance de mon cou. Autant écrire en lettres rouges le mot « sorcière » sur mon front. Mon frère disait toujours que je devais en être fière.
Que c’était mon héritage.
Qu’un jour, je devrais, comme ma mère, et ma grand-mère avant moi, jouer mon rôle dans cette famille. Mon rôle de femme, de matriarche. Qui consistait principalement en un passage de flambeau, à œuvrer en tant que gardienne des traditions, de noblesse et de rituels magiques, jusqu’à ce qu’une héritière plus jeune prenne ma place.
Qui a pu supposer que j’en avais la moindre envie ? Je voulais suivre les traces de Niklaus. Je voulais fuir. Et ce tatouage, témoin éternel de mon passé, de mon présent, et de mon avenir tout tracé, m’handicapait, lorsque je me glissais dans mes autres personnalités.

1880
Carsten m’ordonna de ne plus prononcer le nom de Niklaus. Il n’existait plus. Il était mort aux yeux de notre famille. Et devait également l’être à mes yeux. Comment a-t’ il pu penser, pendant un seul instant, que j’allais lui obéir ? Niklaus continuait à m’envoyer des lettres. Régulièrement. Il allait dans des lieux mythiques et merveilleux et promettait de me ramener un sac rempli d’objets insolites, quand il reviendrait. Il ne reviendra plus, maintenant.
Plus Carsten vieillit, et plus il ressemble à Père.
Plus il me dégoûte de cette famille à laquelle j’appartiens, malgré moi.
Plus il me dégoûte de moi-même. Elena. Elena Magdalena Voigtgeist.
C’est pendant cette année-là qu’un homme vint me voir. Il me surveillait depuis plusieurs années, à ses dires. J’avais le potentiel nécessaire pour travailler pour lui.
Je devrais dire adieu à tous mes proches. Ce qui ne fut pas difficile. Je n’avais pas essayé de me rapprocher de ma famille lointaine, et Carsten me répugnait. Il semblait satisfait que je parte travailler au loin, pour la Couronne. Pour la noblesse autrichienne. Je serais un fardeau en moins pour lui, tout en faisant rejaillir ma future gloire sur lui, pour redorer son honneur. Il ne voulait pas en savoir plus.
Gott.
Il ne me manquerait pas.
Pendant cinq ans, je fis ce que l’on me demandait. J’œuvrais dans l’ombre pour que la Couronne maintienne son autorité, malgré les menaces étrangères et internes.
Mon premier assassinat, par poison, d’un insurgé bourgeois de la banlieue de Vienne, me donna des hauts le cœur.
Le suivant beaucoup moins.
Celui d’après, plus du tout.
J’ai retrouvé mon précepteur, après tant d’années. Je chéris encore ce moment. Je m’étais assise, sur une souche près de sa maison isolée, à l’orée d’une forêt. J’avais sorti mon violon de mon écrin et commencé à jouer un morceau. Son morceau préféré. Il avait allumé une lanterne et était sorti, tout en murmurant « Elena, Elena… », comme s’il rêvait. Ou du moins, comme s’il croyait qu’il rêvait.
L’étrangler libéra quelque chose en moi.

Ce jour-là, je me suis vengée.

Ce jour-là, j’ai arrêté de compter les morts que je semais sur mon passage.

1885
L’Autriche m’est devenue insupportable. Je pars. Sans me retourner. Sans ressentir le moindre manque. La Couronne m’a payée une considérable somme d’argent. Pour services rendus.
Mais le sourire qui a étiré les lèvres de mon supérieur lorsqu’il m’a ouvert, pour la dernière fois, la porte de son bureau, ne présage rien de bon. Ce sourire de prédateur plaqué sur son visage sans expression.
J’en sais trop. Bien trop. C’est une certitude. Et je sais que tôt ou tard, ils chercheront à se protéger. En me supprimant.
Donc je pars. En espérant qu’ils m’oublient, si je me tiens dans l’ombre, sans faire de vague. Mais je demeure, malgré tout, prête à toute éventualité. Qu’ils me poursuivent s’ils veulent. Je les attends de pied ferme.
 
L’avenir n’est peut-être pas extrêmement brillant, mais il faut penser au présent. Je n’ai plus de famille officielle. Je n’ai plus d’attaches. Et je possède plus d’une dizaine d’identités dont je peux me servir.

J'étais enfin libre.

Où pouvais-je aller ?

Londres. Cette ville m’attirait. Cette ville m’appelait.
Et, lorsque je descendis du fiacre, je compris pourquoi. Dans son brouillard presque mystique, je pouvais être n’importe qui. Je pouvais me fondre dans la masse de tous ces gens. Je pouvais être qui je voulais. Je pouvais être tout le monde, comme je pouvais n’être personne. Et j’allais m’y donner à cœur joie.

Niklaus m’avait avoué, dans sa dernière lettre, qu’il finirait par arriver à Londres, pour une raison obscure.

Qui sait. Mon chemin pourrait croiser le sien une nouvelle fois.



IV. DERRIÈRE L'ECRAN.

Prénom/Surnom: Daphnis
Âge  : 19
Autres comptes :
Comment avez-vous découvert le forum : Zedock, dans toute sa virilité, m'a montré le chemin...
Comment trouvez-vous le forum : Intriguant, déroutant, fascinant...
Avatar du personnage : Personnage par Destinyblue (si quelqu'un connait son nom, qu'il me le fasse savoir?)


FICHE PAR FALLEN SWALLOW

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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyLun 27 Juil - 14:33


J'ai hate de voir ce que tout ça va donner, bienvenue !
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyLun 27 Juil - 22:37
Bienvenue à toi ! Bon courage pour la suite de ta fiche en tout cas :D

À bientôt ♥
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyLun 27 Juil - 23:53
Bienvenue, j'espère que tu te plairas ici. :sir:
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyMar 28 Juil - 0:17
Merci pour ce charmant accueil ! Et je suis sûre que je me plairai ici ! :danse:
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyMar 28 Juil - 13:14
Oh, une nouvelle tête. Et une civil, qui plus est. Fraus va se sentir un peu moins seul.
Bienvenue à toi, petite bouchée de sucre candy. J'espère que tu te plairas ici autant que je m'y plais ♥
Par contre, j'ai remarqué que tu avais oublié de signer le règlement et c'est très vilain èé.
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyMar 28 Juil - 13:36
Pourquoi j'ai la vague impression que tu as envie de me manger... Mais ça me plait ♥
Je vais rectifier ça de ce pas !
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyMer 29 Juil - 1:33
Bienvenue Elena!
J'ai hâte de voir ce que va donner le reste de ta fiche!
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyJeu 30 Juil - 16:20
Bienvenue à toi !

L'histoire de ton personnage est intéressante >w< j'ai hâte de lire la suite !
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The Cheshire Cat
Chester Winks
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyJeu 30 Juil - 17:07
Bienvenue :) !

J'espère que tu te plairas ici et bon courage pour ta fiche !
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyDim 9 Aoû - 2:28
Merci ! Et fiou, j'ai enfin fini ma fiche ! :danse:
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Baron Samedi
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyDim 9 Aoû - 12:59
Ma foi ma chère, tout cela a beaucoup de charme, je suis tout à fait sous lui (le charme bien sûr). Bien qu'il m'arrive de me retrouver sous bien des choses il faut l'avouer.

La bienvenue tant que j'y suis et à très vite sur les planches j'espère.
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyDim 9 Aoû - 14:34
Bienvenue très en retard ! ;-;
Il est badass ton personnage ! J'aime ! :tropgénial:
(Et haaan j'adore ce prénom ! :ohcute:)
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The Cheshire Cat
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyDim 9 Aoû - 19:52
Bravo petit chat ♥
Je m'occupe de ta fiche demain ou au plus tard mardi sans faute !

EDIT : Alice s'en occupe en fait ♥
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyMar 11 Aoû - 11:49
Alors alors, c’est moi qui vais m’occuper de tes fesses de ton petit personnage. J’aime bien Elena, elle a l’air de péter la classe et de savoir où elle veut aller. J’ai pas grand-chose à dire sur ta fiche qui me semble bien écrite et très détaillée. Y a juste un point qui me dérange véritablement et deux petits points que je voulais préciser mais qui ne gênent pas vraiment la modération.

Pour les deux points anodins, je voulais juste rappeler qu’il n’y a que les pauvres et les filles de mauvaises vies qui gardent les cheveux détachés à l’époque. C’est quelque chose d’assez mal vue chez les autres. Juste que tu le sache, pour l’avenir. D’autre part, quand ton frère Cartruc (désolée) te parle d’hériter de la famille, c’est évident qu’il est en plein délire. En ta qualité de femme, tu n’as aucun droit de propriété suffisant pour hériter du domaine et autres. A la limite faire perdurer tout ce qui concerne la magie, j’dis pas !

Maintenant ce qui me gêne vraiment pour te valider c’est la manière dont tu quittes les services de la couronne. Que tu ai gagné pas mal d’argent en servant la couronne, pas de soucis (L’inverse serait franchement bizarre). Mais par contre qu’ils te payent en plus pour te réduire au silence… Nan je pense qu’ils auraient juste envoyés un autre tueur pour te tuer. Ou ils aurait fait comme si tu étais une ennemie de la couronne et auraient envoyés trouze millions de soldats pour te faire la peau. Du coup, j’aimerais bien que tu change ça. Peut-être en précisant que tu te sais poursuivie, par exemple ? Parce que bon, si tu bute le tueur ils en enverront d’autres hein ?

Enfin voilà. C’est pas grand-chose, je sais que ça peut être frustrant éè. Bon courage pour la modification et si tu as une question n’hésite pas ! Mes MP sont ouverts ♥
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyMer 12 Aoû - 20:16
Pas de soucis, j'apprécie les critiques lorsqu'elles sont constructives ! C'est vrai que je n'avais pas réellement pris en considération le rôle de la femme, dans la noblesse, à cette époque, ni la paranoïa du gouvernement d'un état en général, et surtout d'un état avec des difficultés internes, donc je te remercie de l'avoir souligné !

Et je l'ai corrigé ! :danse:
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MessageSujet: Re: Bien caché dans la nuit, c'est Elena Bien caché dans la nuit, c'est Elena EmptyJeu 13 Aoû - 12:25


Tu es validé !



Que dire? Je pense qu'Elena va puer la classe et j'ai hâte de la voir à l’œuvre. J'espère que tu te plairas ici autant que moi ♥



Tu peux maintenant aller rp sur le forum ainsi que sur la chatbox (sans en abuser). N'oublie pas maintenant d'aller réserver ton avatar, afin d'être unique en ton genre. Nous nous occupons d'ajouter automatiquement sur la liste l'origine de ton personnage s'il est réincarnation.
Si tu n'as pas encore de partenaire(s) en vue, tu peux faire une recherche rp et/ou une demande de liens qui déboucherait éventuellement sur un topic. Ensuite, tu peux créer une fiche pour gérer tout ceci. Si besoin, tu peux demander un logement, et enfin mais surtout, si tu as des suggestions ou d'autres demandes, n'hésite pas à contacter l'administration.

Amuse-toi bien !

Le staff ~




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