I. Desdemone B. Velten.
II. LES DESCRIPTIONS.
III. L'HISTOIRE.
Desdemone est née sous le nom des Velten, riche famille de la noblesse connue pour son pouvoir politique de part à son père, illustre représentant du gouvernement. Elle n’aura d’ailleurs jamais vraiment eu l’occasion de connaitre cette figure paternelle stricte, trop occupée à ses devoirs. Un devoir accompli au détriment d’une véritable vie de famille et du rôle de père, empêchant tout rêve d’intimité.
C’est sous la tutelle de sa mère, Constance qui aura prit soin de l’élever qu’elle grandit. Contrairement à Rosalinda, elle fut le centre d’attention de cette dernière qui la couvrit d’amour. Très tôt mère et fille développèrent un lien fort, au détriment de son ainée, non aveugle de cette intimité. On ne sut jamais réellement pourquoi Lady Velten lui porta tant d’aversion. Aujourd’hui encore leurs rapports tiennent d’une incroyable tension, toutefois pour la cadette, voir son ainée ainsi mise à l’écart, et bientôt se voir fruit de haine ne fut pas indolore. Dans sa bienveillance elle tenta à de nombreuses reprises de se rapprocher d’elle dans le but d’attirer son attention. En vain, alors à défaut d'être avec elle ou d’attirer son attention elle se contenta donc de l’observer. Combien de fois avait-elle rêvé de jouer avec elle loin du sérieux de leur éducation stricte, la voir lui adresser un sourire. Elle nourrira l’espoir de pouvoir l’approcher durant toute son enfance sans jamais le réaliser.
C’est dans un coin reculé du manoir que les soeurs se virent séparées l’une de l’autre. Desdemone se révéla être une élève douée et dotée d’une intelligence remarquable. Personne n’eut à se plaindre. Jamais elle ne protesta devant les obligations nécessaire à son éducation, quand bien même ces dernières n’avaient rien d’amusantes. Elle empruntait un chemin bien différent de sa soeur réputée bien plus difficile, suscitant l'admiration de leurs amis. Combien s'extasiaient de ses joues pleines ou de son regard, admiratifs.
"N'est-elle pas angélique, quelle enfante vous avez là elle est si jolie et gentille. Quelle chance vous avez Constance !"
Des mots que Rosalinda ne manquait jamais. Alors à défaut d'être vu de ses parents, elle attirait l'attention à sa façon. Elle suscitait la colère et l’agacement de tous, y compris des domestiques à qui elle faisait vivre un enfer. Elle refusait d’apprendre, ou d'écouter. Tristement la cadette se demanda ce qui pouvait la pousser à être aussi hostile à l’autorité, puis elle comprit que c’était probablement lié à une souffrance. Comment pouvait-on s’épanouir sans l’amour d’une mère que l’on voyait tous les jours nous ignorer ? Le trop peu de contacts qu’elle eut avec Rosa’ se soldèrent souvent par un rejet violent d’une ainée hérissée et agressive, et d’une cadette au regard crédule peint d’incompréhension. Parfois tout en l’observant depuis sa fenêtre elle se demandait ce que cette dernière pouvait bien aimer. Le thé des Indes, ou le un thé noir de Prusse ? Préférait-elle les roses ou les lys ? Sa curiosité ne tarissait jamais d’imagination et elle se plaisait à dresser un portrait d’elle à sa convenance.
De cette vie surprotégée, la lady n’eut guère à se soucier de quoi que ce soit. Chaperonnée par une mère excessivement protectrice, inquiète de ses moindres fait et gestes, il ne lui fut que rarement autorisé de sortir de leur domaine. Autant d’innocence que de solitude qui la poussèrent à se refermer sur elle-même. Elle s’était habituée à ne plus écouter les mots de leurs domestiques, sinon qu’à écouter ses propres pensées. Tout ne devint plus que jeux et rêve. Là dans un buisson, les fées prenaient vie, la nuit, les sorcières s’envolaient. Dès lors que ses dures leçons prenaient fin elle s’évadait dans les vastes jardins de la demeure, enjambant bosquets et s’amusant parmi les plantes, oubliant jusqu’au stricte visage de sa gouvernante et ne gardant en tête que les regards tendre de sa mère elle développa un gout prononcé pour la lecture. Elle disparut de nombreuses fois dans les jardins ou la bibliothèque de la maisonnée, s’esquivant à ses tâches sans que personne ne parvienne à la retrouver.
Dans cette vie de secrets il y eu pourtant des étoiles surgies comme des rayons de soleil pour éclairer sa nuit. Des personnes capable de ranimer ses yeux d’espoir et de vie. Cyr était l’une d’entre elle. Son ami, son tendre ami de toujours, avec qui maintes fois elle partagea des songes d'enfant, à se construire un écrin de bonheur loin des obligations de leur vie. Cyr, son reflet au masculin, son prince charmant. Elle s’était promis qu’un jour ils se marieraient pour partir loin d’ici dans son insouciance d’enfant. Parce que Cyr et elle savaient le fardeau de cette étiquette qu’en tout point toute circonstance il leur fallait respecter. Il leur arriva de nombreuses fois de briser ces conventions, allant jusqu’à fuir les réceptions de leurs parents pour se retrouver dehors, sans protection ni réprimandes. Quelle douce saveur encore aujourd’hui il lui reste de ces souvenirs. Elle aurait souhaité ne pas grandir pour ne jamais quitter cet état d’esprit. Ces éclats de lumière disparus, elle se retrouvait à nouveau plongée dans une nuit aveugle.
Avec l'âge ce vide prit de l'ampleur. Cette vie de luxe ne parvenait à combler le vide creusé par ce train de vie, ce manque d’entourage qui année par année se fraya un chemin jusque son coeur. La maison Velten ne tenait que d’une étiquette à tenir, mais aucune flamme ne venait réchauffer ses murs, elle était glacée. Elle devint à son image, cachée derrière ce soubresaut de droiture, derrière l’éclat de ses yeux anthracites. Elle-même isolée par le manque de liberté, moulée à l’image de cet enfant éduqué, n’eut pas connu ces instants de joie et de répit que les plus pauvres pouvaient partager entre eux, du fait d’une parente trop protectrice et craintive d’un monde extérieur qu’elle même n’eut pas assez côtoyé. C’était dans cette quête qu’elle chercha un peu de réconfort auprès de sa soeur. Ne partageaient-elle après tout pas le même fardeau ?
Quelle ne fut pas sa surprise de la voir céder petit à petit. Lui adresser tantôt quelques mots, tantôt la regarder avec moins d'amertume. Rosalinda s'ouvrait, à contrecoeur mais elle s'ouvrait, comme décidée à abandonner cette rancoeur tenace dont elle ne la tenait plus responsable. Sa joie fut immense et bientôt elle redoubla d'efforts pour lui plaire afin de se frayer une place à ses côtés. Une période qui dura un temps, avant que Rosa' ne sombre à nouveau dans les ténèbres qui ne semblaient jamais la quitter. Chaque soir cette dernière disparaissait pour revenir au matin, indignant leurs parents. Épuisée par les disputes qui déchirait leur famille, tiraillée entre sa soeur et sa mère Desdemone s'éloigna pour retrouver ses jardins où oublier.
Rosalinda menait une vie de débauche, comme une ultime provocation à leurs parents. Ce devait être sa façon de se battre contre ce système immuable. Il était illusoire de penser pouvoir changer une société. Encore plus de vouloir s'y frotter. Elle ne ferait que se briser les ailes. Elle avait beau être sulfureuse, c'est la honte qu'elle ramènerait sur leur famille en agissant de la sorte.
Elle se souvint de ce jour sur le perron de porte.
— Rosa' où vas-tu ? Demanda-elle une main posée sur l'encadrement de bois, la mine grave. Cette dernière se retourna pour la dévisager d'un sourire déjà perdu.
— M'amuser, quelle question. Je sais que ce n'est pas toi qui serait capable de ça, ma chère, mais, je veux gouter la liberté que je me suis choisie, peu importe si elle plait ou déplait. Après tout, ce n'est pas comme si mes faits et gestes avaient eu une quelconque importance pour eux jusqu'ici. — Pour ramener avec toi la réputation d'une femme de petite vertu ?! C'est pour leur faire honte que tu fais tout cela ? Tu accables nos parents… Rosalinda vit volte-face pour revenir à son niveau, saisir ses joues de ses paumes, son regard mordoré peint de lueurs sombres dans le sien.
— Oui tu as raison petite soeur. Je veux leur faire payer cette vie de solitude, je veux qu'ils souffrent comme je souffre. Quant à toi, j'aurais cru que tu me comprendrais d'avantage. Tu peux bien les défendre, je ne t'en voudrais pas, après tout tu es la seule qui a jamais été capable de m'aimer sous ce toit.D'une caresse de ses doigts le long de sa joue elle tira un sourire en coin.
— Ce n'est pas le problème… Tu te mets en position délicate. Si nos parents apprennent tes passes temps tu risques bien pire que la honte. Est-ce ton amant que tu visites ?
— Cela ne regarde que moi. Je n'ai pas besoin que tu me le rappèles.— Rosa' répéta-elle plus bas, soucieuse tout en lui prenant les poignets.
Je m'inquiète. Reste à la maison, je t'en prie. Un rire monta dans la gorge de son ainée qui déposa un tendre baiser sur son front sans prendre la peine de répondre, comme elle l'aurait fait à un enfant. Ensuite cette dernière s'écarta pour disparaitre dans la nuit. Desdemone resta plantée là un moment, avant de rentrer à son tour, tourmentée par l'image de Rosalinda qui se perdait dans les méandres de sa noirceur. Incapable de comprendre réellement et pourtant, se doutant bien des raisons qui la poussaient à provoquer de la sorte leurs parents. Mais, à quel prix ? C'était sacrifier son rang, et tout ce qu'elle possédait. Bien qu'elle l'admirait Desdemone se demanda si cela tenait de la pure bêtise.
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Plusieurs mois avaient passé et l'ambiance ne s'améliora guère au manoir. Rosalinda avait finit par obtenir ce qu'elle voulait. Partout on murmurait que la famille Velten menait une vie débauchée, on parlait sur leur dos, mais on baissait la tête sur leur passage. Sa mère en devint malade et son père fou de rage. La cerise sur le gâteau ? Ce fameux jour lorsque Rosalinda entra d'un pas déterminé dans l'office de leur père pour annoncer une nouvelle fracassante. Desdemone avait écouté au coin de porte leur discussion. Et ce fut le choc pour elle tant que pour l'homme.
— Je porte la vie, Père.Ce dernier sembla la fixer comme s'il ne croyait pas ce qu'elle venait de dire. Il espérait avoir entendu de travers.
— Pardon ?! J'espère que vous plaisantez tout de même ?!
— Vous avez très bien entendu. Elle n'avait tout de même pas osé ! Il devint rouge pivoine et se leva d'un bon, frappant de sa main son bureau avant de crier.
— C'est assez ! Vous mentez !
— Et ce ventre rond ment-il ? demanda-elle l'air inquisitrice, la main découvrant un pan de sa robe pour lui prouver ses dires.
L'homme vira au blanc en constatant l'évidence même. Il mit quelques minutes à répondre avant de tout à coup commencer à bouillir.
— Petite sotte, ingrate ! Comment avez-vous osé faire une telle chose, avant le mariage qui plus est ! Je devrais vous envoyer en couvant mais il n'en sera rien… Cela ne vous suffisait pas de vous attirer les foudres des plus nobles, il fallait que vous me fassiez un scandale par dessus le marché ?! Je ne pourrais en tolérer d'avantage ce sous toit. Je ne veux plus jamais voir votre visage, vous faites honte à la famille, après tout ce que nous vous avons donné, vous n'avez jamais cessé de désobéir. Pliez bagages sur le champ et disparaissez hors de notre vue ! Il se retenait de la gifler. Desdemone le voyait à ses doigts tremblant. Pétrifiée elle se recula un peu plus contre le mur. Pour une fois, curieusement l'ainée ne répondit rien alors qu'elle avait toujours eut une verve acérée. Après avoir encaissé ses mots elle se retourna pour quitter les lieux, la tête haute, seulement Desdemone l'attrapa par un bras pour l'attirer dans un coin de couloir à la sortie.
— Rosalinda mais qu'as-tu fait ! Es-tu folle ?Triste, cette dernière se précipita dans ses bras.
— Ne sois pas triste petite soeur. C'est ce que j'ai choisis et je préfère mile fois partir plutôt que de rester ici une seconde de plus. L'ainée caressa les cheveux de Desdemone pour la calmer, puis lui prit bientôt les mains en se reculant pour les poser sur son ventre.
— Alors que tu es enceinte. Tu n'aurais jamais du lui dire. Où vas-tu aller ? Un sourire peint de fatalité recourba ses lèvres pleines et son regard ne put contenir l'émotion de l'instant.
— Tu as vu sa tête ? Il est tellement aveugle qu'il n'avait encore rien remarqué. C'est dire combien il n'a jamais rien su voir. J'ai des contacts qui sauront me faire une place chez eux. Desdemone se sentit soulagée de ses mots, et bien malgré elle lui rendit son sourire.
— Tu es folle à liée mais je t'aime. Tu prendras soin de toi n'est-ce pas ? Communique moi ton adresse au plus vite. Promets-le moi.Rosalinda -douce et heureuse comme elle ne l'avait jamais vu- acquiesça.
— Promis.—————————
Depuis le départ de cette dernière le manoir n'avait jamais semblé aussi calme et vide. Puis il y avait cette tension constante silencieuse comme une sombre ambiance, cette angoisse qui rongeait sans cesse sa mère. Elle ne cessait de lui prendre la main le regard Hagard en murmurant.
— Tu ne deviendras pas comme ta soeur hein Desdemone ? Bien que cela la peinait elle baissa le regard devant ces cruels paroles, bien forcées d'aller dans son sens pour la calmer.
— Non mère.Cette dernière pressa vivement sa main, s'y agrippant.
— Jure-le !La cadette opina en silence en lui prenant sa main…
— Calmez-vous à présent vous vous faites du mal. disait-elle d'un air effacé incapable de contredire ses paroles qui la blessait. Elle ne pouvait guère la contrarier autrement cette dernière irait encore plus mal.
L'état de sa mère c'était terriblement dégradé depuis les rumeurs répandues à leur sujet. Constance devenait terriblement pâle, son teint maladif, comme si elle taisait un lourd secret qui la rongeait. Rosalinda était parvenue à la toucher d'une volonté non niée. Desdemone demeurera à ses côtés le jour où elle s'écroula tout à coup dans le boudoir Est des salons du manoir devant ses invitées. Quelques heures plus tard, le docteur appelé de toute urgence l'examina avant d'afficher une grise mine.
— Son état ne va pas fort mademoiselle, il faudrait que votre mère prenne le repos pour plusieurs jours. Elle est trop inquiète. Il lui faut à tout prix n'avoir aucun choc émotionnel dans les prochains jours. Desdemone opina silencieusement, perdu dans la contemplation de cette mère endormie. Un être si mystérieux qu'elle semblait être la seule à connaitre et qui pourtant restait si secrète. Elle soupira alors.
— Merci bien pour vos recommandations docteur, je veillerais à ce que ça soit le cas.Pour se changer les idées et ne pas perdre le moral Desdemone prit l'habitude de se promener plusieurs fois par semaine, sans chaperon. Chose qu'elle n'aurait probablement jamais du faire, encore moins quand avec son minois d'ange. Un beau jour au détour d’un arbre, trois ombres surgirent de nul part pour l'acculer. Et bien qu’elle n’eut pas eu le temps de comprendre ce qui se déroulait, elle pressentit rapidement qu’elle ne pourrait rien pour son propre sort.
Des mains avides se glissèrent sur ses habits pour les arracher un a uns, se pressant contre son corps fait prisonnier du tronc contre lequel il avait été poussé. Elle se souvient de la façon dont son coeur paniqué pulsa contre sa poitrine jusque dans ses tempes, suppliant pour un brin d’oxygène. Dans cette débâcle de gestes maladroits la jeune femme n’eut guère le temps de reconnaitre ces visages penchés par dessus elle, ni même de se voir à moitié dénudée. Puis, il y eu la pression de ces lèvres poisseuses contre son derme, avides de chair. Elles dévalaient les moindres recoins de son corps inviolé. Sa vision se troubla sous une nuée de frissons dégoutés, bientôt se sont ces mains qui agrippèrent ses formes, se refermant sur ses hanches qu'elles molestaient. Tant de gestes brusques qui lui arrachèrent des sanglots à peine contenus. Ces grognements de plaisir éhontés qu'ils lâchaient bientôt couvrirent le bruit de ses plaintes.
Peu importe la façon dont elle supplia, avant même d’avoir pu comprendre ce qui se déroulait, une incroyable douleur perça entre ses jambes au moment où l’un d’entre eux c’était forcé une place entre ses jambes. Si douloureuse qu’un crie perça la barrière de ses lèvres sèches. La douleur qu'elle put ressentir à ce moment là la terrifia. Quand voyant ces corps se succéder un à un, elle put découvrir de la pire façon qu’y soit les « plaisirs » de la chair. Et pendant que son temple le plus intime se faisait souiller, elle sentait en elle quelque chose se briser. Une sensation de profond dégout la gagner.
Elle ne se souvient plus du temps qui passa ni des corps qui se succédèrent bientôt ce ne fut plus rien d’autre qu’un mal être vibrant perdu dans le rythme des hanches qui se frayaient un chemin en elle. Dans cet enfer sans fin, de ses mains agrippées à ces corps dressés, l’étouffement d’un étau brusque et ravageur. La fièvre d'un mal être nauséeux. Un regard vague perdu sur l’horizon dans l’espoir de se voir mourir. Chaque pulsion de hanche contre la sienne, une honte de plus à essuyer.
Puis le silence de la fin. Quand il n’y eut plus rien. Rien d’autre que le vide pour combler son esprit désabusé. Un vide qui laissa place petit à petit à un éclat de raison. C’est à ce moment là que Desdemone émergea de sa torpeur glaçante pour baisser le visage sur son corps désarticulé, laissé gisant sur le sol. Le sien. Un sien qui ne lui appartenait plus. Elle avait mal, mais elle n’aurait su dire ce qui fut le plus douloureux entre ce sentiment d’avoir été salie, et cette sensation d'avoir été déchirée de l'intérieur. Rassemblant son courage, ou ce qui semblait plutôt un semblant de raison, elle entreprit de rajuster ses habits débraillés, remontant sur son épaule un pan de tissus qui dévoilait encore les restes de sa chair souillée pour tenter de se redonner une quelconque tenue. Cela fait elle emprunta le chemin du retour, le regard hagard. Elle avait encore des feuilles et des morceaux de branches emmêlés à ses cheveux.
Ce qui venait d’arriver ne pouvait être réel. Comment des Hommes pouvaient-ils être si hideux, si laids ? Comment pouvait-on être si cruel ? Qu'allait-elle faire à présent ? Si ses parents apprenaient elle risquait le même sort que Rosalinda. Elle n'en doutait même pas. Si son père apprenait que sa chère fille, la seule qu'il lui restait avait perdu sa vertue, il serait deviendrait vert de rage, sans parler de sa mère ! Elle en mourait. Elle ne pouvait résolument pas rentrer, alors ses pas prirent le chemin opposé pour aller voir sa soeur qui la recueillit sous une expression horrifiée. Depuis ce jour, Desdemone n'est plus tout à fait la même. Il y a quelque chose de brisé. Une partie d'elle envolée, au profit d'un regard terni d'angoisse. Qui l'aurait écouté elle ? Qui pourrait seulement comprendre sans la juger ?
Ses parents ne surent jamais rien de l'incident, et pourtant cela fait déjà quatre ans déjà. Quatre ans qu'elle vit avec ce poids sur les épaules. Quatre ans qu'elle continue de cauchemarder chaque nuit, à sentir la caresse illusoire des mains possessives sorties du néant, de bouches avides et bruyantes. Quatre ans qu'elle tressaille chaque soir, et vit dans la crainte.
Qui a été là pour l'aider elle quand elle en avait besoin ?
Personne. Ni son père, ni sa mère, ni même Cyr. Uniquement sa soeur qui au passage lui avait fait une place au sein de sa grande demeure dont elle s'était faite tenancière.
Une maison close.
IV. DERRIÈRE L'ECRAN.